Tea time
Lorsque l’on traverse dans la journée la seule petite rue du hameau de Bord’haut de Vigny, appelée « Rue de Gisors », on ne rencontre personne…sauf des oiseaux. L'usine avec son silos de métal Verdigris monte la garde sur cette rue charmante mais déserte. Les vieilles pierres ne lâchent pas le moindre indice sur les choses dont elles ont témoigné depuis si longtemps. Seule passante dans la rue, j'ai l'impression d'être un espion... jusqu’à ce que deux hommes apparaissent pour charger un canapé dans une camionnette.
Pas un bar, pas une boulangerie...seul un abri de bus vide à l'entrée du village témoigne qu'un collège n’est pas loin. Un chien aboie...contre personne...seulement au cas où.
Par contre lorsque nous revenons le dimanche 13 janvier soit quatre mois plus tard, notre accueil est tout à fait différent. Nous nous retrouvons à présenter notre projet de route à une vingtaine de personnes de tous âges, membres de l'association des riverains de Bord'haut de Vigny ; ils sont plein d’enthousiasme, d’humour et nous racontent leurs histoires autour d’une table chargée de gâteaux et de cidre.
Les habitants de Bord'haut de Vigny semblent être soudés du fait de leur isolement. Ils ont dû rassembler leurs forces : "face à nos vieilles maisons nous étions obligés de nous entraider pour les entretenir. Notre éloignement de la ville nous a poussé vers la garde mutualisée de nos enfants en bas âge" m'explique la présidente de l'association des riverains, Catherine. La conversation navigue inlassablement entre histoire, archéologie et récits de rencontres amoureuses qui se sont passées sur la route de Vigny entre Paris et Rouen. Il est difficile de partir car les échanges d’opinions, commentaires et souvenirs n'arrêtent pas ; pour nous c’est un aperçu privilégié de ce que sont les voisins et la communauté dans le vrai sens du terme...