Le mardi 29 janvier nous visitons la dernière tranche de la rue de Tocqueville dans le 17^ème…notre rue, la partie qui débouche sur la Porte d'Asnières. Nous la connaissons depuis 8 ans comme de simples passants. Aujourd'hui nous tentons de la "découvrir pour la première fois".

Un type de résistance se pratique quotidiennement rue de Tocqueville. Résistance commerciale face à la pression financière et la menace de fermeture…Tout le monde nous raconte qu'avant il y avait énormément de commerçants dans ce quartier, c'était comme un village. Maintenant les restaurants, les boutiques ouvrent puis ferment peu de temps après ; alors que d'autres rouvrent à leur place…pourquoi?

Premier arrêt chez Alain Libert dans son agence de voyage. Installé depuis seulement un an, Alain a été impressionné par le nombre de gens locaux qui préfère avoir un visage en face d'eux au lieu d'acheter leurs billets dans l’anonymat d’ Internet.

Monsieur Ozdemir, d'origine Turque travaille dans le retouche des vêtements. Il est discret, presque timide mais son sourire en coin suggère qu'une deuxième visite s'impose…

Diane Mansour et Kashif Mahmood ont ouvert leur bar à pasta hier. J'étais leur deuxième cliente! Elle est d'origine égyptienne et lui d’origine pakistanaise. C'est le hasard et l'amitié avec le restaurant Le Cocodrillo au coin de la rue qui les a fait atterrir ici. Ils espèrent tenir…..

(ci-dessus Kashif Mahmood ; à droite Monsieur Mansour, le père de Diane)

"Chez Ibo" c'est calme aujourd'hui. La maîtresse de maison surveille la rue, immobile. "Trop calme….et c'est comme ça depuis Noël" me dit-elle. Un petit restaurant turc où les baclavas, le riz au lait maison et autres salades de poivrons brillent dans la vitrine. On y sert du thé à la menthe en continu. Une série d'aquarelles "vues de mers en Turquie" est suspendue, aujourd'hui légèrement de travers, sur les murs…

Dans le Pressing du 17^ème , depuis trois ans, Françoise trouve la rue un peu triste, surtout le soir et parfois en journée lorsqu’il n’y a personne qui circule. Ce n’est pas mouvementé, elle ne sait pas pourquoi mais elle n'arrive pas à cerner ce quartier. Avant elle était Rue de Bruxelles en face du Moulin Rouge. Là bas elle avait les vestes des barmans et des serveurs, les smokings des directeurs…ici c'est du classique, c'est du courant.

Jacky le coiffeur est là depuis vingt ans. Il connaît tout le monde et tout le monde le connaît. "A la semaine prochaine!" lui dit une vieille dame en franchissant le seuil de la porte à petits pas. Son salon de coiffure est presque un lieu public me dit-il … « les gens viennent ici pour y passer du temps. »

Le café Du Rond Point sert des frites coupées à la main par Denise et servies par son frère Joël. Ils viennent de Dinan et sont donc bretons ; mais cela fait à présent 30 ans qu'ils sont là. Le mari de Denise vient de Rouen…bien sûr. Au bout de la rue, ils ont une vue panoramique sur la Porte d'Asnières, les maréchaux et Levallois.

En face du bistro Petit Kader et l'Ancien surveillent comme tous les jours le rond point de la Porte d'Asnières. L'année dernière, la mairie a refait leur jardin avec douze arbres…un peu d'ombre en été sur cette première île déserte avant la banlieue…

Rue de Tocqueville

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