Colombes en août
Erwan et
moi vadrouillons dans la chaleur écrasante des rues vides, cherchant
les quelques personnes à qui parler, les quelques bars n'ayant pas
affiché leurs congés annuels ; quand il n'y a rien à voir, il faut
attendre, scruter les pavés de plus près, rentrer dans le microcosme du
quotidien. C'est lorsque nous changeons l'optique et l'angle de vue
que nous trouvons des trésors…quand il n'y a rien à voir il y a toujours
quelque chose.
Dans une rue déserte et silencieuse nous entendons un puis plusieurs aspirateurs derrière les fenêtres ouvertes, qui nous jouent leur symphonie ; nous voyons un homme qui se bat dans l'encadrement de sa fenêtre avec
un store trop grand.
Nous rencontrons également Oussama qui habite le quartier des Quatre Routes depuis toujours et qui compte bien finir ses jours ici car il n'y a jamais rencontré de problème. Il n'a que 26 ans (du moins je le devine) et il aime cet endroit qui s'étend selon lui d'Argenteuil à Asnières. Son lieu favori, c'est la Seine à Asnières, il y passe souvent une heure ou deux... Il nous emmene dans le bar des Capucines pour nous présenter le patron. Au mois d'août, lorsque tout est fermé, l'intégralité du quartier des Quatre Routes semble se donner rendez-vous sur le trottoir devant ce bar.
Le propriétaire du Bar des Capucines, Monsieur Azipn Rabah
n'a jamais eu de problèmes dans le quartier lui non plus ; que ce soit avec des policiers ou des jeunes (sans que je lui ai posé la question, c'est la première chose qu'il me raconte).
Il accepte que je prenne en photo la vieille reproduction d'Alger suspendue sur ses murs. "C'est le port par lequel les français sont arrivés pour prendre Alger" m'explique Oussama.
Nous demandons à Monsieur Rabah si nous pouvons revenir un dimanche matin vers cinq heure lorsqu'il ouvre son bar pour les commercants du marché ; nous aimerions filmer ceux qui l'acceptent. Il me rappelle pour me dire que certains ne sont pas d'accord et il en profite pour me dire que si la photo que j'ai prise de lui est réussie, il aimerait la tirer en grand exemplaire pour l'accrocher à ses murs.